"Mon œuvre est pour le roi ! Je voudrais que ma langue soit comme le roseau d’un habile écrivain." Ps.45.2

Jonas, quand fuir ta mission t'amène dans le ventre d’un poisson (Jonas 1.1-3) - 7/8

Jonas fuit l'appel de Dieu vers Ninive, finit dans le ventre d'un poisson après une tempête. Trois jours d'obscurité pour réviser sa vocation. Dieu nous rattrape même dans nos fuites et transforme nos billets d'évasion en ordres de mission. Ninive t'attend.

SÉRIE : LES HÉROS IMPARFAITSMÉDITATIONS BIBLIQUES

Thomas Pawlowski

6/9/20254 min temps de lecture

Jonas reçoit un ordre clair de Dieu : "Va à Ninive et crie contre elle." Sa réaction ? Il prend un bateau dans la direction opposée. Pas vers Ninive à l'est, mais vers Tarsis à l'ouest. Le plus loin possible de sa mission.

On comprend Jonas. Ninive, c'était l'Irak actuel, capitale de l'Assyrie, ennemie jurée d'Israël. Aller prêcher la repentance à ceux qui torturent votre peuple, c'est pas évident. Jonas préfère fuir plutôt qu'obéir.

Quand l’appel dérange tes frontières

“Va à Ninive” : la consigne est claire, la cible détestée. Jonas préfère le grand large à la grande ville. Fuir l’ennemi paraît plus logique que lui prêcher la grâce ; notre théologie de la miséricorde se complique dès qu’elle inclut nos adversaires.

Parfois, Dieu nous appelle là où on ne veut pas aller. Vers ce collègue difficile, ce voisin hostile et qui crie, ce cousin qui nous a blessés. Notre réaction naturelle ? Prendre la direction opposée.

"Seigneur, envoie quelqu'un d'autre ! Je ne suis pas fait pour ça ! Ils ne méritent pas ton pardon !" On trouve mille excuses pour éviter les missions difficiles. Comme Jonas, on préfère la fuite à l'obéissance.

Jonas pense qu'il peut échapper à Dieu en changeant de géographie. Il est gentil quand même ce Jonas… On ne fuit pas Dieu en prenant un bateau. Il nous suit partout, même dans nos fuites.

Quand la tempête te rattrape

Jonas s'endort au fond du navire pendant que la tempête fait rage. Symbolique. Quand on fuit sa mission, on s'engourdit spirituellement. On devient insensible à ce qui se passe autour de nous.

Les marins paniquent, prient leurs dieux, jettent la cargaison par-dessus bord. Jonas dort. Il faut que le capitaine le réveille : "Comment peux-tu dormir ? Lève-toi, invoque ton Dieu !"

Petite touche d’humour : les (vilains) païens prient pendant que le prophète dort. Ceux du dehors sont plus conscients du danger que celui qui connaît Dieu. La désobéissance nous endort spirituellement.

Assumes au lieu d’accuser

Le sort tombe sur Jonas. Il sait qu'il est responsable de la tempête. Il avoue enfin : "Je fuis loin de la face de l'Éternel." Enfin un peu d'honnêteté. Il assume … sa désobéissance.

"Prenez-moi et jetez-moi à la mer, et la mer se calmera." Jonas accepte les conséquences de ses actes. Il ne rejette pas la faute sur les autres, ne cherche pas d'excuses. Il assume. Notons au passage que Dieu n’a jamais demandé que Jonas soit jeté dans la mer…

C'est le début de la restauration : reconnaître qu'on est responsable de nos tempêtes. Nos fuites créent des dégâts collatéraux. Nos désobéissances affectent notre entourage.

Dieu te prépare un poisson

Avalé, mais pas annulé. "L'Éternel fit venir un grand poisson pour engloutir Jonas." Même dans le jugement, Dieu prépare le salut. Le poisson n'est pas là pour punir Jonas, mais pour le sauver. Trois jours dans le ventre du poisson pour réfléchir à sa vocation. Trois jours d’obscurité pour réviser son appel.

Dans les ténèbres du poisson, Jonas prie enfin, se repent, se rend disponible. Il se souvient de Dieu, confesse son péché, promet d'obéir. Parfois, il faut toucher le fond pour regarder vers le haut.

Le poisson vomit Jonas sur la terre ferme. Nouvelle chance, nouveau départ. Dieu ne renonce pas à sa mission parce que son prophète a fui. Il le discipline, le restaure, et le renvoie.

Seconde chance, mêmes Ninivites

"La parole de l'Éternel fut adressée à Jonas une seconde fois." Dieu nous donne une seconde chance. Nos échecs ne nous disqualifient pas définitivement. Nos fuites ne nous rayent pas de son plan.

Cette fois, Jonas obéit. Il va à Ninive, il prêche, la ville se convertit, Dieu pardonne… et Jonas est aux anges (ou pas). Ce qu'il refusait de faire devient sa plus grande victoire.

Jonas boude le succès de sa mission. Il est fâché que Dieu pardonne aux Ninivites. Il préférait qu'ils soient jugés. Ses préjugés l'aveuglent sur l'amour de Dieu.

Dieu lui fait une leçon avec un ricin : "Tu as pitié du ricin... et moi, je n'aurais pas pitié de Ninive ?" L'amour de Dieu déborde nos petitesses, nos préjugés, nos limites.

Le Saint-Esprit nous pousse hors de nos zones de confort. Il nous envoie vers ceux qu'on préférait éviter. Il élargit notre cœur aux dimensions du sien.

Parfois, il faut une tempête pour nous réveiller. Parfois, un poisson pour nous faire réfléchir. L'Esprit utilise tous les moyens pour nous ramener à notre appel.

Concrètement, tu fais quoi ?

1. Identifie ta Ninive. La personne ou le lieu que tu évites le plus cache peut-être ton appel.

2. Arrête le bateau. Tant que tu finances ta fuite, la tempête reste au programme.

3. Reconnais tes dégâts collatéraux. Nos refus ont très souvent des conséquences sur ceux qui voyagent avec nous.

4. Laisse Dieu gérer la pédagogie. Poisson, ricin, vent brûlant : il choisit les outils, pas nous.

5. Privilégie la grâce sur le préjugé. Ce que tu trouves impardonnable est parfois exactement ce que Dieu regarde pour montrer sa miséricorde.

Conclusion

Jonas découvre qu’on peut traverser l’Atlantique imaginaire, mais jamais sortir du radar divin. Fuir l’appel coûte toujours plus cher que l’obéir – billets, tempête, poisson. Si ta trajectoire ressemble à un demi-tour pressé, il n’est pas trop tard : Dieu peut changer les billets que tu as pris pour t’enfuir en ordres de mission. Aujourd’hui, pose ta valise à Tarsis, remonte sur le quai, et laisse Ninive entendre la promesse d’un Dieu qui sauve.


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